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La plongée "Light"

Daniel Huron, Instructeur National

CTN info n°30 - Subaqua n° 163 - mars/ avril 1999

 

La ceinture de plomb fait partie intégrante de l’équipement du plongeur métropolitain, c’est un fait, mais il y a ceinture et ceinture… Quelle est la définition d’un lestage idéal ? Et comment doit-on l’affiner en fonction des niveaux de plongée ? Une réflexion de Daniel Huron, instructeur national.

Les opinions sont quasi unanimes pour dire que le lestage doit être calculé afin de tenir le palier de 3 m au retour de la plongée avec le bloc à une pression proche de la réserve. Cependant, pour un même plongeur qui gravit dans le temps les différents brevets et qui justifie d’un certain nombre d’heures sous l’eau, le lestage a forcément varié entre le début et la fin de sa formation. Et pourtant il tient toujours le palier de 3 m bloc sur réserve… on peut enfin l’espérer…

Certains considèrent plus confortable d’avoir un lestage conséquent, ils retrouvent cette sensation d’attraction terrestre si familière hors de l’eau et qu’ils ont perdu dans ce milieu à trois dimensions. Pourtant les raisons qui militent pour un lestage light sont nombreuses. Risque d’essoufflement, déséquilibre permanent, sac trop lourd, reins en danger, usage inconsidéré du gilet stabilisateur, pollution marine, intervention sur un collègue en difficulté délicate… Voici donc quelques repères pour plonger léger.

Le Niveau 1

Un critère doit absolument prévaloir au lestage d’un débutant, c’est celui de la sécurité. Pour ce faire, aucun débutant équipé de sa combinaison, ses palmes, sa ceinture, son masque et tuba mais sans bloc sur le dos, ne doit pouvoir s’immerger complètement sur une expiration. Facile à réaliser, sur un petit fond, sans tuba en bouche, faire expirer le plongeur et ajuster le lestage pour que seul le haut du crâne soit visible en surface, à condition qu’aucun mouvement parasite (palmage réflexe, mouvement de bras) ne vienne contrarier cette flottabilité naturelle. Bien sûr, les premières immersions en scaphandre seront difficiles, mais il faut penser que le bloc gonflé rajoute un poids supplémentaire suffisant pour s’immerger et que la réussite réside dans l’apprentissage de la ventilation. Tout au plus peut-on envisager le lestage pédagogique ponctuel, c’est-à-dire le plomb que l’on rajoute sous l’eau quand l’élève est en difficulté, plutôt que le surlestage systématique qui gomme l’apprentissage de la respiration. Enfin il faut admettre que le palier à 3 m obligatoire pour cette catégorie de plongeur est pratiquement inexistant ce qui laisse une marge de manœuvre suffisante.

Le Niveau 2

Apte à partir en autonomie avec 1 ou 2 collègues aussi lights ou aussi lourds que lui, il est un candidat potentiel à la plongée profonde encadrée. Comme chacun sait, la profondeur n’arrange pas notre problème. La combinaison s’écrase, le ventre s’aplatit, le plongeur se fait donc de plus en plus lourd et pourtant le palier de 3 m, quand il est obligatoire, doit être impérativement tenu. Il faut donc, pendant sa formation, que le futur niveau 2 plonge et surtout remonte "utile’’. Chaque retour de plongée doit être mis à profit pour jouer avec son lestage et l’ajuster au minimum nécessaire. Un petit test doit lui permettre de s’évaluer. Lors du retour vers la surface d’une plongée sans palier, à partir de 8 m, il doit pouvoir entamer une remontée verticale uniquement sur sa respiration, sans l’aide des palmes ni du gilet stabilisateur et cependant s’arrêter et tenir le palier de 3 m. La réussite réside, encore une fois, dans la respiration. Enfin, il doit s’astreindre à ne pas utiliser son gilet dans la zone de 0 à 10 m, sans pour autant oublier de porter son attention sur la ventilation pour éviter bons risques de surpression pulmonaire.


 

Les autres Niveaux

L’excédent de lest devient l’ennemi n° 1 chez les plongeurs de niveau 3 et plus, aptes à l’autonomie en plongée profonde ou à l’encadrement des niveaux inférieurs, Bien sûr, l’expérience commence à se faire valoir, mais la facilité guette… Le gilet stabilisateur est de mieux en mieux maîtrisé, souvent au détriment de la respiration. Un petit test, pour faire un point sur son lestage, consiste, toujours lors d’une plongée sans palier, à remonter verticalement sans l’aide des palmes ou du gilet depuis une profondeur de 15 m uniquement sur la respiration. Il faut rappeler que, à ce niveau de plongée, le palier de 3 m est bien souvent obligatoire et qu’une bonne ventilation favorise l’élimination de l’azote.

Le "plongeur light" doit mettre toute sa science respiratoire à profit pour maintenir le palier de 3 m, qu’il soit obligatoire ou d’apprentissage. Cependant, certaines données sont à prendre en compte. La profondeur de 3 m est une profondeur plafond à ne surtout pas transgresser. On est bien plus confortable à 4 m qu’à 3 m. Pendant la phase d’apprentissage de son maintien, il faut s’aider d’un pendeur bien lesté et essayer de reprendre son équilibre par la respiration et non par des manœuvres désordonnées, quitte à redescendre de 1 ou 2 m, à l’aide du pendeur, et remonter au bon niveau une fois le calme revenu.

La ceinture de lest

Quel que soit le nombre de plomb qui constitue le lest, celui-ci interfère très fortement sur l’équilibre général du plongeur. Les plombs doivent être peu nombreux, symétriquement répartis de chaque côté, plutôt centrés vers l’avant du plongeur que dans le dos, de manière à compenser le centrage arrière induit par le port du bloc de plongée. Enfin, votre colonne vertébrale vous remerciera certainement de ne porter votre ceinture que pour aller dans l’eau.

Point conseil

La plongée light - Mise au point

CTN info n°32 - Subaqua n°165 juillet/août 1999

Certains ont fait remarquer, à juste titre, que les conseils donnés dans CTN du Subaqua n° 163 de mars-avril 99 ne concernaient que les plongeurs métropolitains, et que cette méthode ne pouvait s’appliquer aux plongeurs en shorty ou en bouteille "alu". Réflexion rigoureusement exacte, cependant la méthode reste valable et seuls les moyens pour y arriver doivent subir une petite modification.

Dans la logique de cette méthode, deux étapes sont essentielles :

- le lestage du plongeur

- le lestage du bloc.

Pour le plongeur, son lestage doit être calculé pour ne pas obtenir d’immersion complète, sur une expiration normale, quand il n’est pas équipé de son scaphandre. Cela reste valable pour tous les types de plongeurs, lourd ou léger, avec shorty ou sans, avec combinaison de 5 mm ou de 7 mm. Même s’il faut pour cela remplacer le plomb par le liège... Eh oui, cela existe aussi les plongeurs denses.

Pour le bloc, le principe reste le même. Bloc alu équipé du stab, pression à environ 50 bars, le bloc doit rester en flottabilité nulle. Les indications de poids et de volume gravées sur le bloc doivent permettre une approche rapide du lestage du bloc et cela devient vite amusant de mettre cet ensemble, sans le plongeur dedans, en équilibre parfait.

Il reste ensuite à positionner le lest qui compense la flottabilité positive des blocs "Alu". Trois voies possibles :

- le lest du bloc fait partie intégrante du lest du plongeur et il est emporté sur la même ceinture. On imagine facilement les conséquences d’un tel surlestage.

- le lest du bloc fait partie de l’ensemble stab et bloc et il est emporté dans les poches de la stab. On peut déplorer le triste état des poches après quelques plongées et le centrage légèrement avant du plongeur tout équipé.

- Le lest du bloc fait partie intégrante du bloc et il est fixé directement sur celui-ci. Une ceinture de plomb correctement répartie de chaque côté du bloc peut facilement faire l’affaire.

D’aucuns me diront qu’en cas de largage de ceinture, tout le plomb n’est pas largué. Il s’avère, maintenant, qu’avec l’avènement de la stab, les largages de ceintures sont peu fréquents et que même en cas de nécessité il vaut mieux une approche lente de la surface qu’une remontée ballon sans maîtrise aucune au moins du tour d’horizon. Et puis diable, c’est comme cela que ça se passe chez les plongeurs métropolitains qui n’ont aucun moyen d’alléger brusquement leur bloc en acier.

 

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