Point de vue : Le palier de sécurité, dogme ou réalité ? |
Depuis quelques années, on
constate une systématisation de l’enseignement du palier de sécurité par les
candidats moniteurs lors des différents stages de formation organisés par la
Ffessm. À la question "Pourquoi imposez-vous ce palier ?", les
candidats étonnés affirment d’une part que cette pratique va dans le sens d’une
meilleure sécurité et d’autre part, qu’elle est imposée par la fédération. Ces
réponses ne sont pas satisfaisantes et contrairement aux affirmations
péremptoires de certains pour lesquels l’arrêt systématique à 3 m devient un
dogme, il importe de replacer ce palier dans son vrai contexte de sécurité.
La systématisation d’un palier de
sécurité de 3 minutes à 3 m n’a pas de sens. En effet, le calcul des
profondeurs et des temps de paliers tient déjà compte d’une marge de sécurité
qui peut être importante pour les tables MN 90 et moindre pour les ordinateurs.
L’arrêt systématique est donc inutile, y compris lorsque la plongée effectuée
n’est pas astreinte par les tables ou les ordinateurs à un quelconque palier.
De même, il est tout aussi inutile d’ajouter 3 minutes au temps du dernier
palier comme on l’entend parfois.
Si le palier de sécurité ne doit
pas être systématique, il peut en revanche se justifier dans certains cas. Les
moyens de décompression utilisés prennent en compte des paramètres différents
mais liés à des plongées standardisées où aucun événement perturbateur n’intervient.
Le palier de sécurité s’impose dès lors que la plongée est "anormale"
(fatigue préalable à l’immersion, effort sous-marin important, plongée en
altitude sans calcul de paliers spécifiques, etc.).
Cette façon de concevoir
l’intérêt du "palier de sécurité" est enseigné par la Ffessm depuis
longtemps mais il n’a jamais été imposé de façon systématique. Certes, le
"palier de sécurité" ne fait pas de mal mais sa systématisation
n’améliore en rien la sécurité des plongeurs. Au contraire, il peut indisposer
certains plongeurs peu "accro" des plongées avec paliers et parfois
même être source de difficultés lorsqu’il est imposé dans des conditions de mer
difficiles ou avec des plongeurs peu ou mal stabilisés. Enfin, s’il est
systématique pour une plongée classique, que fait-on en cas de plongée anormale
? On ajoute encore 3 minutes ?